On les « libère » une demi-journée de l’impératif de production – censé pourtant les « libérer » – pour leur permettre de sacrifier à l’impératif moderne, plus impérieux encore : la consommation.
Où qu’elles donnent de la tête, la marchandise leur fait les yeux doux : promo par-ci, réduction par-là, prix « spécial », animation, packaging ad hoc, pour l’occasion, etc. ; de la donzelle du tertiaire à l’inusable ménagère, le système marchand déroule en grande pompe son opération séduction.
Jusque là, rien d’anormal : St-Valentin, Noël, Nouvel An, le capitalisme occidental, après avoir imposé son calendrier, après avoir assujetti l’humain au temps de la production, a jalonné celui-ci de « fêtes », d’occasions « spéciales » qui exaltent une consommation spéciale, et rien d’autre : le reste n’est qu’alibi.
Mais alors que les autres dates s’accompagnent de propagande anodine (films à l’eau de rose pour la St-Valentin, dessins animés et « miracles » de Noël pour le Nouvel An, etc.), la « journée de la femme » charrie toujours son lot de conférences et de débats sur le statut de la femme, son émancipation, etc.
Or, pour faire bref, choisir RITUELLEMENT une date consacrée par le système marchand, aliénant par essence, pour causer d’émancipation, revient, selon la formule de Debord, à « combattre l’aliénation sous des formes aliénées ».
« Bonne fête quand même ! », conclurait Cheb Yazid.