Economie de « marché »

Certaines personnes, surtout celles qui ont déjà visité un pays développé et ont goûté le plaisir de la vie nocturne, s’interrogent sur le fait qu’il n’y ait pas de semblable à Alger qui est pourtant la Capitale. Pourquoi il n’y a donc pas de vie nocturne ?!

Mais vous êtes naïfs ! D’abord il y a ce désintéressement des espaces publics aux yeux du gouvernement, et c’est tout ce qu’il y a de plus normal. Pourquoi ? Parce que primo les espaces publics sont la place primale où le citoyen s’exprime librement, que son expression soit corporelle ou verbale ; et secundo parce que notre PIB (Produit Intérieur Brut) provient essentiellement de l’exportation d’hydrocarbures, vu la maigreur de notre industrie. Or la « richesse » d’un pays dépend directement de la consommation des citoyens, lesquels ont besoin d’être encouragés à consommer ; c’est pour cette raison que les pays industrialisés font leur possible pour fournir la sécurité, les transports, l’éclairage, l’aménagement, ect., pour que leurs citoyens continuent de consommer durant la nuit ; il faut que le citoyen consomme « tout le temps » ; s’il y a des entreprises de textiles, il faut que les gens achètent habits et vêtements ; s’il y a des services de restauration, il faut que les gens dinent dehors ; s’il y a des magasins de musique, des salles de cinéma, des bars jazz, des salles de concerts, il faut que les gens consomment l’industrie culturelle. En bref, maintenir le PIB en bonne santé est primordial à tout Etat qui suit une économie de marché ; c’est même le propre du capitalisme : l’exploitation par le truchement d’une fausse liberté d’expression et de consommation.

 

D’un autre côté, il y a presque une année, j’ai eu l’occasion de me rendre, le même jour, aux centres commerciaux de Babezouar et d’Ardis. Et le constat est que ce sont des espaces publics sans finesse, un modernisme moche où les magasins et restaurants vous assourdissent, bon gré mal gré, avec leur musique mainstream. Les magasins, il n’y que des enseignes étrangères dressées avec une opulence médiocre ; comme des monastères dédiés au seul et unique dieu de la consommation ; des citoyens en pèlerinage consumériste où l’exhibition de soi est pratiquée avec une ostentation cocasse. A y repenser, ce sont les seuls espaces publics que je connaisse qui me font penser à l’animation des métropoles nocturnes qui obnubile tant mes concitoyens. A la différence que ces deux centres commerciaux sont beaucoup plus petits qu’une ville. Ils représentent à mes yeux, de un, des espaces publicitaires géants, et, de deux, l’espace de consommation par excellence pour le marché d’importation algérien (nous n’avons que cela, à vrai dire !) dont les acteurs (des beggars) doivent bien rentabiliser leur commerce caravanier d’import-import et qui ne sert que peu l’intérêt collectif de la « Nation ».

 

Enfin, désolé de vous traiter de naïfs, compatriotes. Je l’ai fait dans le but de vous secouer un peu, car il vous faut savoir que ce que nous désirons ne s’obtient pas d’une simple volonté politique de faire que nous, citoyens, s’amusons et profitons de la nuit. Ce résultat s’obtient de solides politiques économique et culturelle afin de ne pas tomber dans les dérives capitalo-débilisantes.

Ecrit par: Noureddine Chikh

Source de l’image: http://www.nographie.com

1 réflexion sur « Economie de « marché » »

  1. Très bien dit ! Mais d’après ce qu’on constate, la majorité des citoyens sont loin d’être conscients de cette situation.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close