« Goûte l’instant, et vis la félicité »
Tel est le slogan abrutissant
Que déroule la publicité
Des panneaux envahissants
Cette bouteille de poison immonde
A recouvert l’espace public
De sa réclame nauséabonde
Et qui, en filigrane, implique :
« Le bonheur, c’est la marchandise »
Ainsi rabâche la propagande
Et convaincu par cette bêtise
Le consommateur en redemande
Peu lui importe notre industrie
Que le consensus de Washington
A démantelée, cassée, meurtrie
Pour déverser par milliers de tonnes
Les surplus de la Camelote
De l’Occident en surproduction
Après quelques décades, rebelote
Triomphe de la néo-colonisation
Retour au vieux rapport délétère
Entre la périphérie et l’Occident :
Lui fournir les matières premières
Offrir des débouchées aux excédents
« Meilleure définition de la colonie :
On y gagne plus, on y dépense moins »
Plus d’un demi-siècle après Memmi
Nous voici revenus au même point
La bourgeoisie nationale ? Dérision !
Réduite à récolter les pauvres miettes
Une fois prélevée la part du lion
J’entends – bien sûr – le lion des sablettes
Ces pitoyables hommes-liges
Agents d’une économie vassale
Se bornent aux dépenses de prestige
Pour blanchir leur argent sale
Cette bourgeoisie compradore
Par la corruption et la prébende
Régente l’activité import-import
Gangrène le pays qu’elle inonde
De la pacotille de ses maîtres
« C’est spécifique ? » que nenni !
Le capitaliste est toujours traître
Il réduirait le peuple à l’agonie
Pour servir ses intérêts sordides
A l’ombre de l’Etat qu’il parasite
En sangsue vorace et avide
Tant que ça dure, il en profite
Tant qu’elle peut socialiser
Les coûts par l’Etat supportés
Pour ensuite privatiser
Les profits qu’elle va remporter
Du reste, la bourgeoisie n’a cure
Fanon, en visionnaire original
Avait prévu ces mésaventures
De la conscience nationale